Taqawan d’ Eric Plamondon


Rédigé le 26 janvier 2018

livre Taqawan eric plamondonPremières phrases
Elle monte dans le bus et s’assoit, colle son front chaud contre la vitre fraîche. Dans son silence, elle ignore les cris, les rires et la bousculade de ceux qui s’engouffrent dans l’allée pour se caler sur les bancs deux par deux jusqu’au fond. Le moteur tourne, c’est un autobus jaune Blue Bird. Il roule vers le pont. C’est jeudi . C’est bientôt la fin de l’année scolaire. On est le 11 juin. C’est son anniversaire.

Pourquoi ce livre
La culture amérindienne m’intéresse beaucoup d’autant plus quand c’est un auteur québécois qui en parle. Je ne connaissais ni Éric Plamondon, ni Quidam éditeurs, mais toutes les chroniques que j’ai lues sur ce livre me donnaient terriblement envie. Il me le fallait alors aussitôt reçu, aussitôt lu.

un pêcheur sur la rivière Restigouche

« Au Québec, on a tous du sang indien, dit un vieil homme, si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. »

Mon avis sur Taqawan d’Eric Plamondon

L’histoire débute le 11 juin 1981 en Gaspésie. Ce jour-là, c’est l’anniversaire d’Océane une adolescente Mi’gmaq mais c’est aussi le jour où les autorités québécoises ont envahi avec violence la réserve des Indiens Mi’gmaq pour leur interdire le droit de pêcher le saumon dans la rivière Restigouche, une pêche qu’ils pratiquent depuis des millénaires. On apprend au passage que Céline Dion fera sa première apparition télé 8 jours plus tard. Quelques jours après un second raid est lancé contre les Mi’gmaq qui ne veulent pas se laisser faire et de nombreux actes de violence par les forces de l’ordre sont à déplorer.

C’est autour de cet événement que va avoir lieu un drame et que nous allons faire la connaissance de Leclerc un garde-chasse au chômage, Caroline une institutrice venue des Landes, William un vieil homme des bois qui connait bien la cause des Indiens, Pierre un mec bien (ou pas) au premier abord et Océane la jeune Mi’gmaq.
Tous ces personnages vont, au fil des pages, donner vie à l’histoire qui se met en place petit à petit grâce à de très courts chapitres que l’on pourrait penser posés là innocemment, mais qui au final mis bout à bout donnent toute la puissance à ce récit.
Une histoire romancée, mais qui se base sur des faits réels.

Voilà une lecture prenante, intéressante et captivante à la fois. L’auteur a parsemé son récit d’histoire du Québec et des Indiens Mi’gmaq.

P23
Dans les livres d’histoire anglais, il est écrit quelque part que John Cabot ramena trois Mi’gmaq en Angleterre en 1497. Dans les livres du Québec, le premier contact d’un Européen avec les Mi’gmaq date de 1534., et l’attribue à Jacques Cartier. Dans les livres d’histoire moderne, on sait que, quand il est arrivé, Cabot a découvert des Indiens avec des barbes et des croix accrochées au cou. On sait que les Mi’gmaq sont des nomades arrivées en Amérique par le Detroit de Béring depuis le cap Dejnev jusqu’en Alaska.

On en apprend énormément aussi sur le saumon.

P74
En langue mi’gmaq, on nomme taqawan un saumon qui revient dans sa rivière natale pour la première fois. Il passe de une à trois années en mer. En anglais, on parle d’un grilse. En français, s’il revient après un an, on dit un madeleineau. Ce terme fait référence à la Saint-Madeleine, qu’on fête le 22 juillet ! À cette époque, on pêche beaucoup de taqawan

On a même le droit à un chapitre sur une recette de la soupe aux huîtres ! Une recette qui ne me fait pas du tout envie (mais alors pas du tout), même si je ne doute pas qu’elle soit délicieuse.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur ainsi que la façon qu’il a eu de construire son histoire. Les personnages principaux entrent en scène ici et là, pour tous se retrouver aux trois quarts du livre dans un dénouement assez violent.

C’est très intelligent de la part d’Éric Plamondon d’avoir entrecoupé son récit de la sorte, car j’étais passionnée par ce qu’il m’apprenait, mais aussi très impatiente de retrouver les personnages, du coup les pages tournaient à une vitesse folle.

Cette lecture que j’ai dévorée en une après-midi fut un vrai moment de bonheur. J’aime beaucoup quand une lecture m’apprend des faits historiques, d’autant plus si ces faits me passionnent. J’ai tellement apprécié l’écriture d’Éric Plamondon que je vais me mettre à la recherche de sa trilogie 1984.

Je vous recommande fortement de ne pas passer à côté de Taqawan, vous le regretteriez !

Taqawan

20€
9.5

L'ECRITURE DE L'AUTEUR

9.5/10

L'HISTOIRE

9.5/10

Infomations

  • QUIDAM EDITEUR (4 janvier 2018)
  • 220 pages

11 commentaires

  • Marie-Claude
    26 janvier 2018 à 19 h 39 min -

    Je suis ravie qu’il t’ait plu.
    J’ai adoré cette construction qui nous en apprend beaucoup par ces interludes, entretenant du même coup une attente par rapport à l’intrigue principale.
    Bien trouvé!
    Moi aussi, je suis à la recherche de sa trilogie. J’ai un tome de trouvé jusqu’à maintenant!

    • Chinouk
      27 janvier 2018 à 11 h 30 min -

      Je vais pouvoir aller lire ta chronique à présent 🙂 Encore une lecture à ajouter sur la liste de : Marie-Claude m’a influencée avec ses billets « sortie du mois » ;)mais je t’en remercie 🙂

  • maggie
    27 janvier 2018 à 8 h 55 min -

    Je note, cela sera pour moi l’occasion d’en savoir plus sur les saumons 🙂 et les amérindiens !

    • Chinouk
      27 janvier 2018 à 11 h 27 min -

      C’est vraiment un très bon livre, en plus il se lit très rapidement alors n’hesite pas!

  • Anne
    27 janvier 2018 à 13 h 31 min -

    Je sens que ce roman est incontournable pour qui aime la littérature du Québec !

  • keisha
    28 janvier 2018 à 7 h 01 min -

    J’ai aussi beaucoup beaucoup aimé !

  • hélène
    30 janvier 2018 à 9 h 06 min -

    Il fait vraiment l’unanimité, je vais craquer !!!

    • Chinouk
      30 janvier 2018 à 18 h 32 min -

      N’hésite pas : craque !

  • Lili
    16 février 2018 à 12 h 47 min -

    Je l’ai réservé à la médiathèque : j’ai hâte ! 😉

    • Chinouk
      24 février 2018 à 13 h 03 min -

      Je vais surveiller ton avis alors

  • Jean-Claude-Sa'n Béliveau
    29 mai 2019 à 4 h 57 min -

    Merci monsieur Éric Plamondon de m’avoir permit de contribuer à ce roman par des dictons et autres textes tirés de mon site Mi’kma’ki http://www.astrosante.com/traduction_nessutmasewul.html
    Merci aussi aux autres collaborateurs, Alanis Obomsawin (textes tirés du documentaire « Les événements de Restigouche »), Danielle Cyr et Marie-Bernard Young (pour l’orthographe mi’kmaw), Earle Lockerby (textes tirés de l’article « Ancient Mi’kmaq Customs; A Chaman Revelations» (The Canadian Journal of Native Studies, vol. XXIV, no 2, 2004), René Levesque (extrait de la conférence de presse du 25 juin 1981).

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